Burkina :  » La société minière va tout prendre et nous laisser « 


Les sociétés minières ne sont pas au Burkina Faso parce qu’elles aiment le pays des hommes intègres. Non. Elles vont « nous piller puis nous laisser un territoire avec des fosses (tombeau) à ciel ouvert ». Un texte de Jonas Bassana Bazié.

Ce texte m’a été inspiré après un voyage dans quelques communes de la région des cascades où j’ai pu échanger avec les populations en tant que journaliste. J’ai été à Wolokonto, Douna, Sindou, Loumana, Niankorodougou, Dakoro, Soubakagnedougou et j’ai vu des populations battantes et indépendantes. Elles vivent au rythme d’une nature extrêmement généreuse et pourvoyeuse de richesses agricoles et minières. Je me suis arrêté à Niankorodougou et j’ai vu une population inquiète. Il y a de l’or à Niankorodougou mais l’habitant de la commune, de la province ou même de tout le pays ne s’en réjoui pas.

 » La société minière va tout prendre et nous laisser « , m’a confié avec désolation mon ami Adama Ouattara alors que la commune de Niankorodougou vient de recevoir une ambulance et un équipement médical de la part de la mine. Un geste qui n’est valable que pour l’image sociale et la communication de la mine car la commune s’est dotée elle-même d’une autre ambulance de près de 40 millions, nettement mieux équipée et plus efficace que celle de 14 millions offerte par la mine.

Je rentre à Ouagadougou et je découvre au conseil des ministres du 13 juin que le Président Kaboré va offrir des ambulances à toutes les communes du Burkina. Alors je me suis posé une question : la mine a-t-elle pris le soin d’évaluer les besoins de cette localité avant de venir déposer son ambulance ?

En son temps je poserai la question à qui de droit mais en attendant, j’écoute Adama Ouattara de la commune de Dakoro me dire : « la mine a gâté notre route et nous a abandonné ». Oui. Dakoro – Soubaka – Douna, c’est cet axe que les gros porteurs de la mine ont emprunté pendant plusieurs mois au point de rendre la route dans un état difficile et impraticable.
Mon véhicule 4×4 a eu du mal à trouver son chemin. Mais quand je demande à Adama son sentiment sur le boom minier au Burkina, il me répond simplement qu’il « n’y croit pas ».

Je résume sa pensée en trois points :
– notre code minier est foulé au pied en témoigne l’entêtement des sociétés minières à ne pas payer le fonds minier de développement local
– les miniers bénéficient d’une sorte de protectionnisme de la part de l’exécutif. Cela me fait penser au ministre des mines qui se fait passer défenseur de la mine d’Essakane engluée jusqu’au cou dans une affaire de fraude et de corruption.
– tant qu’on ne contraint pas ces mastodontes à nous respecter et nous payer une forte contrepartie de ce qu’elles nous enlèvent de notre sous-sol, elles vont nous piller et s’en aller.
Et je suis du même avis que lui.


Jonas Bassana BAZIE, journaliste Reporter.

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