La forte pluie qui s’est abattue ce jeudi sur la ville de Ouagadougou a fait des inondations dans certaines concessions du secteur 7 de la ville de Ouagadougou. Les cours de Hamado Zida et Moumouni Compaoré ont été pendant de longues heures infréquentables. Je savais le secteur très inondable et des alertes me sont parvenues ; j’ai donc décidé de m’y rendre pour constater de visu ce qui s’y passe.
Lorsque j’arrive sur les lieux, ce qui attire le plus mon attention est ce grand canal pratiquement rempli d’eau emportant dans son courant divers types d’objets. Au côté sud du canal, un dépotoir d’ordures où se côtoient tas d’immondices et habitations non loin de là. Au côté nord, des habitations ; des habitations en piteux état je dirais. Cette pluie qui aura duré plus de 10h a laissé des traces. A quelques pas, se trouve la concession de la famille Compaoré ; une famille chez qui après la pluie, ce n’est pas vraiment le beau temps.
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— Kaba Martin (@KabaMartin) 26 juillet 2018
A l’aide de seaux d’eaux, tous les membres de la famille s’affairent comme ils peuvent pour évacuer l’eau qui se trouve dans les quatre maisons qui y sont construites. L’eau a pénétré dans les maisons et y a fait sortir les affaires. Moumouni Compaoré, le chef de famille explique que cette situation est due au canal dont la construction n’est pas encore terminée. « Vous voyez le sable, c’est ce qui bloque l’eau qui ne peut pas couler », il insiste. Les dégâts, il les a déjà constatés car toutes ses maisons ont été inondées jusqu’à la quatrième brique après la fondation. Un de ses mûrs s’est même écroulé.
Même dans cette situation, c’est peu dire d’affirmer que la famille Compaoré a un peu plus de chance. En tout cas beaucoup plus que la famille Zida, une autre concession toute proche. Chez Hamado Zida, il est impossible d’évacuer l’eau puisque toute la cours est inondée. Inondée et même son jardin ; sa seule source de revenue. Malgré cela, il a encore le sourire aux lèvres.
Et lorsque vous lui demandez ce qu’il va faire, le sexagénaire éclate de rire avant de réponde « On peut faire quoi ? Même si on veut on n’a pas les moyens ». Il est bien conscient que son fils et lui feront plusieurs jours sans pouvoir dormir dans leurs maisons ; il est bien conscient que son jardin ne lui sera plus bénéfique avant au moins deux mois ; il est bien conscient qu’il risque des jours sans rien manger son fils et lui mais malgré tout, il a un sourire aux lèvres. Le genre de sourire qui trahit très mal la douleur. Il est pourtant ici depuis les années 1977. Il a donc vécue les inondations de 2009 étant ici dans cette même maison. Ces inondations qui, on se rappelle, ont fait près de 2000 sinistrés.
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De toute façon ces deux familles n’ont pas le choix ! Elles n’ont pas les moyens pour s’offrir le luxe de se trouver d’autres habitations. Elles savent bien les risques qu’elles prennent en restant aussi près du canal en cette saison hivernale mais décident de rester. Inondable ou pas… « Dieu veillera sur nous », fini par lâcher le chef de famille Moumouni Compaoré.