« Y a un an de cela je disais qu’on avait perdu Djibo les gens n’ont pas cru », témoignage d’un habitant de la province du Soum

Depuis avril 2015, le Burkina Faso est la cible d’attaques régulières visant surtout la partie septentrionale. Des attaques attribuées à des groupes terroristes qui auraient implanté leur base arrière dans la région du Sahel. Selon un dernier bilan, plus de 200 écoles sont fermées dans cette partie du pays. Des hôpitaux, commissariats et autres services publics sont en mal de fonctionnement. Lundi 23 avril, le personnel du Tribunal de grande instance de Djibo, dans la province du Soum, a totalement arrêté de travaillé et certains ont même quitté la ville. Sommes-nous en train de perdre le Sahel Burkinabè ? ‘’ Oui ‘’, répond un habitant de la province.

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Manifestations dans la ville de Djibo pour exiger le retour du Dr Eliot Kenet

« Y a un an de cela je disais qu’on avait perdu Djibo les gens n’ont pas cru » dit d’entrée de jeu, cet habitant dont je tais le nom pour raison sécuritaire. Cet habitant est formel : « A Djibo, il n’y a pas quelqu’un qui n’est pas menacé ». Il est écœuré parce qu’il ne comprend pas pourquoi les autorités politiques ne tendent pas une oreille attentive à leurs alertes. « Souvent on parle même en pleurant mais on ne nous écoute pas. Aujourd’hui nos larmes sont finies », regrette notre homme d’ailleurs convaincu que pour récupérer la ville « il faut bander les muscles ».

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Cet habitant est convaincu qu’il y a des assassinats qui ne devaient pas avoir lieu. « Même le maire (de Koutougou) ne devait pas mourir », insiste-il. « Ce que le maire faisait pour les FDS, personne ne le fait mais on a fait quoi pour le protéger », se demande-t-il. Les informations dont je dispose sont strictes : il y a des personnes qui désirent collaborer pleinement avec les forces de défense mais qui ne sont pas protégées.

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Notre homme propose donc « que l’armée quitte Ouaga ». « Il faut que les chefs militaires s’installent à Djibo et aient un dialogue franc ». Cela contribuera à mieux sécuriser la région et les populations. C’est la seule solution, selon lui, pour venir à bout de ce problème que le Burkina Faso vit depuis trois ans maintenant. Il faut donc que l’Etat-major général des armées ait le courage politique de s’installer au Nord pour espérer un renversement de la situation. « Ce ne sera pas une force conjointe qui viendra défendre notre Nord », assure-t-il.